PHOTOGRAPHIE
JEUNES FILLES DU MINHO
Futures mariées, Dames et Paysannes: Jeunes Filles du Minho

Fêtes des Roses à Vila Franca, Senhora do Amparo de Cardielos, Santo António à Afife, São Pedro et São Paulo de Serreleis, S. Tiago de Vila Nova de Anha, S. Miguel, S. José et Senhora das Dores de Perre, Santa Cristina de Meadela, Senhora das Neves à Barroselas, Santa Marta de Portuzelo, Senhora da Graça à Carreço, Senhora d’Agonia de Viana, S. Mamede de Areosa, S. João d’Arga, Senhora de Guadalupe de Castelo do Neiva, Senhora das Dores (Nouvelles Foires) à Ponte de Lima…
De mai à septembre, dans les grands pèlerinages de la région du Minho brillent les portées et les processions, les bandes d’orchestre philharmoniques et les groupes folkloriques, les gigantones, les gros tambours, les accordéons et les chanteurs de contester, mais les véritables reines des fêtes sont les Intendantes: les futures mariées, les dames et les paysannes.
LES INTENDANCES

«Oh mon amour d’un jour
nous devrions aller à Viana...»
Musique: Alain Oulman
Poème: Pedro Homem de Melo
Chanteur: Amália Rodrigues
Au début de l'aube, arrivent les premières filles avec leurs costumes rouges (il y a encore les écharpes jaunes, vertes et bleus), avec des chaussettes blanches en crochet et des sandales ou sabots noirs ou avec des bouquets en coton de diverses couleurs, gilets qui serrent devant avec des lacets et broderie colorée au dos, poches à la taille entre les sept jupes et le tablier fleuri, chemises de lin avec point de croix sur les manches et les épaules, les boucles d'oreilles du genre reine, entre six à neuf fils d'or avec des crucifix et médaillons et une écharpe de tresses sur la tête et l'autre sur les épaules: sont les Lavradeiras (paysannes).
Plusieurs novices sont assises sur les bancs de pierre habillées en noire ou bleu foncé, voile blanc de tulle brodé sur la tête et avec des bougies votives, des branches de palmier ou des branches de portée dans la main, puis d’autres jeunes filles célibataires, avec des copieuses pièces dorées à leurs cous et des foulards colorés avec des fleurs ou des cornes d'abondance, des jupes à la cheville et des tabliers ornés de perles et de verroteries (avec des motifs sauvages ou des couronnes à flanquer au bouclier du Portugal ou des différentes paroisses) et toutes les intendantes ramènent par la main les fameux mouchoirs d’amour...
Après, beaucoup d'autres jeunes filles avec leurs costumes flamboyantes du dimanche, presque des dames avec un châle replié sur leur bras, de magnifiques parasols en soie et dentelle blanc ou noire et des superbes vieilles pièces d'or appartenant à la famille, et encore les femmes veuves avec leurs costumes sombres.
En peu de temps s’accumulent des centaines de jeunes filles et de dames avec leurs costumes flamboyants au Vianesa (Viana do Castelo), et ensuite se promènent dans les rues de la ville pour se présenter au public et pour adresser les habituels compliments aux autorités.
La bande d’orchestre philharmonique de la Société Bingre Canelense termine avec l'hymne d'Amalia: «Oh mon amour d’un jour... »
La parade de l'intendance est un spectacle si généreux pour les yeux, seulement comparable avec les meilleurs tableaux de la Création.
«Très joli est l'or
sur le cou de mademoiselle...»
Coeur de Viana do Castelo
MUSÉE DE BIJOUX TRADITIONNELS
L’OR

«Antoninho demande à sa mère
une montre d’or pour sa poche,
moi aussi je demande à la mienne
une chaîne d’or pour mon cou.»»
(Chansonnier populaire)
Boucles d'oreilles en pélican, boucles d’oreilles de roi ou de reine, bagues carniceiras (boucher) ou en regueifa (pain rond entrelacé), laças (ensemble floral d’or avec la dentelle au centre) nobles en fleur cloutées de diamants, scapulaires et médailles miraculeuses de Saints (Senhora da Conceição et Nossa Senhora das Graças), cœurs de Viana (baroques, gonflés, de filigrane, flamboyants ou doubles), brins et tresses fines, colliers de perles avec des Christs ou des papillons, croix baroques de l'Ordre de Malte, crémaillères et plusieurs médaillons, livres, étoiles, ostensoirs...
Dans la tradition de la région du Minho l’or est un signe de beauté, de reconnaissance et de protection. La coutume des anciens voulait qu’on met de l'or dans la tine de l’eau du premier bain des nouveau-nés, pour leur prédire une vie prospère. Pour les dames mariées l’or représente la bonne gouvernance de la maison, pour les demoiselles l’or représente la prospérité de la famille, et pour les fiancées c’est une garantie de la pureté du corps, pour qu’il n’y ait pas de doutes sur leur bonne réputation.
Dans tous les cas, tout l’or placé au-dessous du nombril est d'un goût douteux.
LES FIANCÉES ET LES BOUGIES VOTIVES

«Les jeunes filles de Viana
sont dures comme le fil.
Il n'y a aucune hache
que les coupe ni garçon qui les dupe...»
(Vira das Palmas, danse folklorique)
Les fiancées sont des filles "sans gloire", transportant leurs bougies votives allumées depuis l'aube et ainsi doivent tenir jusqu’à l’autel, dans la messe solennelle de l'église de Senhora d’Agonia. Le jugement du peuple dit que si jamais une bougie s'éteint c’est parce que la fille n'est pas caste et ne mérite pas les honneurs de la fête. En tout cas, elles conserveront avec le même soin leur mari et leur costume de mariage, qui, selon la tradition, devrait servir de linceul.
LES COEURS

«Voici mon cœur
et la clé pour l’ouvrir,
je n'ai plus rien à te donner
ni toi tu n’a plus rien à me demander.»
(Foulard des amoureux)
Les fiancées, les dames et les paysannes porteront des cœurs en or. Symboles de la ville de Viana, les cœurs font partie de l'iconographie de leurs broderies traditionnelles, et même les poches cachées entre la jupe et le tablier (du côté droit pour les paysannes et du gauche pour les fiancées) sont en forme de papillon (des cœurs inversés), où souvent sont brodés les mots "VIANA" et "AMOR" (Amour): «Si rare de ne pas voir apparaître les mots Viana et Amor», comme a noté le célèbre ethnographe Amadeu Costa).
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